INSOMNIE (2010)
En 2010, sans raison apparente et de manière tout à fait
aléatoire, j'ai été frappée de crises d'insomnie récurrentes. Ces insomnies se
manifestaient de différentes façons: j'étais fatiguée sans parvenir à
m'endormir, je me réveillais régulièrement à des heures improbables de la nuit,
et je ne pouvais espérer sombrer dans le sommeil avant minuit. Tout mon rythme
s'en est trouvé décalé, et j'ai découvert, outre l'effroyable poids du silence,
que cinq heures de sommeil m'étaient suffisantes pour que je puisse tenir toute
la journée de travail suivante, comme un extrême minimum à ne pas franchir.
(C'est un savoir qu'encore aujourd'hui je garde en tête précieusement, avec un
peu d'égoïsme.) J'ai commencé à réaliser ces autoportraits lorsque j'ai compris
l'intérêt photographique de ces moments suspendus dans le temps, où il vous
semble que vous êtes la seule personne vivante au monde, pensée angoissante
s'il en est, en tant que travail sur le corps et ses limites. Une fois n'est
pas coutume, j'ai été mon propre sujet d'étude. Voici donc en images le
résultat de ces nuits stroboscopiques, mi-blanches mi-noires, par
intermittences.
In 2010,
with no apparent reason and in a completely random manner, I was struck by
recurring insomnia crises. Those insomnia manifested themselves in different
ways: I was tired but unable to fall asleep, I regularly wake up at odd hours
of the night, and I could not hope to sleep before midnight. All my rhythm shifted,
and I discovered, besides the terrible weight of silence, that only five hours
of sleep is enough for me so that I can take all the next day at work, as an
extreme minimum that I’ve to not cross. (This is a knowledge that, even today,
I keep carefully in mind, with a bit of selfishness.) I began to make these
self-portraits when I realized the photographic interest of those suspended-in-time
moments (when you feel like if you were
the only alive person in the world - really scary thought), as a work on the
body and its limits. Just for once, I was my own subject of study. Here are the
resulting pictures of those strobe nights, half black half white,
intermittently.
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